Lettre n°10

Lettre écrite le 12novembre 2013 ...

 

 

Début septembre, c’était la fin des vacances pour beaucoup. Pour Ecolectif, plutôt le moment de prendre un peu de repos, après un été décidément très actif ! Les chantiers ont repris depuis. Nous prenons le temps de saluer nos sympathisants à travers une dixième lettre, illustrée cette fois-ci.

 

Des personnes, un groupe qui s’élargit


Une année presque entière depuis la lettre n° 9, et encore des allées et venues. Gennviève a décidé de garder sa maison et de continuer à y vivre près de sa fille, pour le moment. Une famille nous a quitté sur demande du reste du groupe parce que nous n’arrivions plus à travailler et vivre ensemble suffisamment sereinement. Bénédicte a suivi son chemin, réussissant ses concours, s’installant à Toulouse pour une année de formation et des séjours désormais simplifiés à Ecolectif.  Une autre famille, en parcours d’inclusion, est restée presque tout l’été parmi nous : Céline, Estelle, Juliette et Ludivine, avec des visites ponctuelles de Jean-Luc. Céline a été de tous les chantiers de l’été. Un jeune couple, Clémence et Guillaume, s’est installé en août pour un intensif parcours d’inclusion qui touche à sa fin. Un couple belge, Marianne et Eric, ont démarré leurs parcours d’inclusion, ainsi que François, qui avait découvert le lieu en août 2012. D’autres familles sont en approche, suite aux dernières journées d’accueil, à la lecture du site, à des forums et festivals, ou grâce à des rencontres plus fortuites.

 

Guillaume

« Après une formation scientifique, 5 années de voyage auront été nécessaires à cette maturation : qu’ai-je réellement envie de vivre ? Du journalisme à la réalisation de documentaires en passant par l’écriture et la photographie, j’ai essayé de trouver les mots justes pour définir mon utopie. Les autres, rencontrés au gré de mes pérégrinations du Brésil au Canada, de la Suède à ma Haute-Marne natale, m’auront permis de mieux me connaître, de mieux comprendre ce monde qui m’entoure, de mieux savoir de quel bois j’ai envie de me chauffer. Grâce aux lumières de ces hôtes d’un soir, d’une semaine ou d’un mois, j’ai pu prendre ma place dans mon arbre vagabond aux 26 printemps. Je cherche désormais un endroit où prendre racine, un lieu où d’autres essences ont aussi envie de danser dans le vent, un petit coin de paradis où donner corps à mon utopie conjointement à celles des autres écolectiviens et aux côtés de ma vieille branche amoureuse, Clémence.
Aujourd’hui, en affirmant ma demande d’inclusion à Ecolectif, je formule ce rêve de continuer de voyager sédentairement, comme les arbres savent le faire, au fil des saisons. »

 

Clémence

 

 

 

« Bonjour ! Je suis Clémence ! Je suis fille, grande sœur, petite sœur, amie, amoureuse, danseuse, chanteuse (à mes heures !), stoppeuse, collègue, animatrice de yoga du rire, co-fondatrice du Ministère du Rire, intervenante en communication relationnelle et cohésion de groupe, en éclosion (!), et membre en parcours d’inclusion à Ecolectif ayant fait sa « demande officielle »… à suivre !
Je suis tout cela ici et maintenant. »

Des bâtiments en construction
Garance a réalisé le cabinet d’ostéopathie de ses rêves.

Une petite extension des bâtiments anciens, qui se fond dans le paysage, où sont prévues salle de soin, salle d’attente et toilettes sèches. La structure en bois, le toit de tuiles, les ouvertures, les murs en paille et le hérisson de galets ont été bâtis en grande partie par Thomas, avec l’aide de nombreuses personnes de tous horizons. Réseau électrique et internet installés, Garance et Nydia ont organisé un chantier participatif pour effectuer la couche de corps (en cob, un mélange épais de terre et de paille) sur les murs intérieurs et le sol. Un enduit de finition est venu peaufiner l’ensemble, avec un sommet de toit réalisé par notre voisin céramiste, des gouttières protectrices, un ponton d’accès en bois et un mini-parking. Bientôt, la crémaillère !

 

Nous avons fait faire le terrassement de la grange, puis coulé des fondations en mortier de chaux-sable, avec armature en bambou.

 Les modules de la façade ont été construits, avec le bois raboté sur la « combi » léguée à Thomas par son grand-père. Quelques modules ont été remplis en paille banchée, c’est-à-dire trempée dans la barbotine et tassée dans un coffrage, les autres attendant les vitrages pour bientôt. Huit grosses poutres ont été installées, à l’aide d’un monte-charge providentiel prêté à Christophe par un collègue. Michel nous a bien sécurisés lors de leur pose, avec son presque demi-siècle d’expérience en charpente. Le solivage est en cours, afin d’accueillir le plafond et le plancher de l’étage, entre lesquels de la ouate de cellulose sera coffrée. Cette grange est plus qu’un chantier : une occasion d’expérimentation pratique, relationnelle… et de développement personnel !

 

Des ressources alimentaires et un terrain


D’autres chantiers sont menés parallèlement pour améliorer nos conditions d’habitat, tandis que les vergers et les potagers s’épanouissent ici et là sur le terrain. Une magnifique récolte de pommes de terre a notamment gratifié les heureux planteurs et planteuses. Les prunes, poires, mûres et figues sont arrivées enfin à maturité. Deux poulaillers et un rucher complètent maintenant les jardins. La plupart des familles font aujourd’hui partie de deux collectifs d’achats groupés des alentours (épicerie avec le Cellier d’Aurignac, fruits et légumes avec l’association Les Passeurs d’Aurore), en plus de l’AMAP de nos voisins de Bazordan.
Après avoir acquis et utilisé des faux, puis hérité d’une petite motofaucheuse à réparer, nous cherchons les moyens de garder de bonnes relations avec nos voisins en contrôlant la pousse des plantes spontanées sur les lisières communes. Nous avons fait appel à des agriculteurs pour qu’ils interviennent avec des gyrobroyeurs (agricole et forestier). Des décisions sont à prendre au sujet du terrain, afin de prendre en considération chacune des parcelles qui le composent, de lui attribuer une destination et un porteur de projet, voisin ou membre d’Ecolectif.

 

Des finances saines et des dossiers bien classés


Etienne et Joëlle ont mené à bien la mise en ordre de tous les dossiers de l’association et de la SCI. Un travail indispensable à la sécurité d’Ecolectif et qui suscite peu de vocations… Merci à eux pour leur temps, leur soin et leur efficacité, saluée par notre interlocutrice du cabinet d’experts-comptables.

 

Des fêtes et des relations


En avril, nous avons célébré l’anniversaire de l’achat du domaine : l’occasion de revoir Arline, notre amie et ancienne propriétaire, Louisa, notre agent immobilier, Daniel, le maire du village, certains de nos financeurs… Un peu trop éloignés pour se déplacer, les fils de Michel Valentin ont manifesté leur sympathie à distance.

La fête du Paoulé 2013, avec un trio de chanteuses occitanes et leurs amis musiciens, nous a permis de recevoir des habitants de Gensac et de faire la connaissance des prédécesseurs d’Arline. Monsieur Mac est né dans notre ferme et y a passé toute sa vie active, au côté de son épouse. Nous avons convenu de les revoir pour connaître plus encore de son histoire. Un chantier pour charger du bois de chauffage a déjà été l’occasion pour deux membres d’Ecolectif de leur prêter main forte plus récemment.
 Enfin, une fête des amis a surligné une soirée au cours des trois journées d’accueil du mois d’août, avec dégustation, musique et danse joyeusement entremêlées.
Un stage de Danses de la Paix et de Biodanza est en préparation pour le nouvel an.
Certains d’entre nous fréquentent aussi les fêtes du village ou de ses environs, et peu à peu, des rencontres se créent, nous constatons que notre éco-hameau a été repéré.

 

Des messages vers le monde
Une journaliste de RCF, Anne Kerléo, a réalisé une émission sur Ecolectif que nous aimons beaucoup et dont vous pouvez trouver le lien sur notre site.
Un chapitre du reportage intitulé « Vivre autrement » a été tourné par Jonathan Mas sur nos terres, présentant une partie de nos membres et de nos réalisations.
Nous avons reçu un architecte en tant qu’objet d’étude pour une thèse sur l’habitat participatif.
Un deuxième article de la gazette du Comminges est paru : « Ecolectif, un an après ».
Nous avons présenté les projets et réalisations d’Ecolectif à un journaliste chevronné, Eric Dupin, en tournée  pour préparer son dixième livre, un ouvrage d’enquête sur les alternatifs « de terrain ».
En octobre, nous avons participé à deux évènements : la deuxième édition du festival « Alternatiba » de Bayonne, puis le forum organisé par Alter Habitat du Midi Toulousain à l’occasion des journées nationales de l’habitat groupé, à Tournefeuille. Pour cela nous avons conçu, réalisé et tenu un stand de présentation d’Ecolectif, de ses fondamentaux, de ses sources d’inspiration et de ses réalisations.

À Bayonne, en plus de recevoir de beaux retours sur notre présentation, nous avons eu le plaisir de découvrir Bizi Toki, un groupe de familles : 20 personnes visant l’autonomie alimentaire et inspirées comme nous du Concept du Continuum et de la Communication Non Violente… Une visite est prévue durant l’automne.
Nous avons fait des rencontres touchantes, et parfois surprenantes, avec des personnes déjà connues ailleurs, en d’autres temps…

À Tournefeuille, tout près de Toulouse, c’est l’habitat participatif « Ouvert du Canal » que nous avons visité, avec beaucoup d’intérêt pour la variété des solutions à des questions qui nous préoccupent aussi. Notre stand a reçu un flot de visiteurs et de messages d’appréciation. Nous avons animé un atelier de sociocratie pendant l’après-midi. L’inscription d’Ecolectif dans les réseaux du sud-ouest nourrit notre besoin d’appartenance, d’ouverture, d’inspiration et de contribution à la diffusion des messages comme : « Un autre monde est possible », « Pensons globalement et agissons localement », et des questionnements : « Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? »  « Quels enfants laisserons-nous à la planète ? »

L’hiver arrive doucement. Les premiers feux s’allument dans nos poêles plus ou moins auto-construits. Cette année, le bois sera bien sec. Les enfants commencent à supporter des vêtements. Les récoltes des jardins anticipent les premières gelées. Certains ont préparé des conserves de fruits et de légumes.

 

L’hiver va nous permettre de passer à des chantiers de réflexion et d’organisation. Nous compilons déjà les visions de chacun au sujet de la future zone constructible, en prévision du printemps prochain. La connaissance des démarches administratives viendra préciser l’amplitude des possibilités, mais aussi dynamiser notre créativité afin de conjuguer légalité et fidélité à notre philosophie. D’autres défis se préparent, pour lequel nous voulons monter en compétences… confiants dans les ressources du collectif qui s’élargit progressivement.

 

Bonne saison froide à vous tous !

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